De la "guerre des talents" à la "protection des talents"
Ambidextérité
Ce n'est pas l'un ou l'autre, mais surtout un juste équilibre entre les deux. Il s'agit de passer d'une culture étroite, nécessaire à l'exploitation, à une culture plus souple, qui encourage l'innovation. Les écoles qui se concentrent trop sur le contrôle et l'organisation peuvent devenir aveugles au changement, tandis que les écoles qui expérimentent trop risquent de perdre de vue le résultat final. Ce ne sont pas les plus forts qui survivent, mais ceux qui s'adaptent le mieux au changement.
Désapprendre
L'espace nécessaire pour explorer de nouvelles voies ne peut être trouvé que si l'on abandonne les vieilles habitudes et les schémas de pensée. Cela demande du courage car cela implique des incertitudes. Il s'agit d 'un processus de rupture et de reconstruction du sens afin de ne pas rester bloqué dans l'ancien tout en embrassant le nouveau. Le leadership joue un rôle crucial.
Nous avons opté pour une organisation en réseau, où des équipes d'enseignants sont responsables d'une communauté d'apprenants à travers les années d'apprentissage (et les matières).
Organiser le travail différemment
Les écoles sont donc confrontées au défi de la réorganisation du travail. Certains optent pour une approche traditionnelle et fonctionnelle où l'enseignement est organisé en années d'études, les matières en groupes de matières, soutenu par une structure hiérarchique et une prise de décision centralisée. La réflexion et l'action y sont séparées et les nombreuses tâches sont compartimentées en fonctions qui doivent être coordonnées. Il en résulte beaucoup de coordination, une charge de travail élevée et des organisations complexes où les enseignants sont des maillons de la chaîne.
Pour changer de cap, nous optons pour une organisation en réseau, semblable à une étoile de mer, où des équipes d'enseignants assument la responsabilité d'une communauté d'élèves à travers les années d'apprentissage (et les matières). Les membres de l'équipe sont très interdépendants et la coordination se fait au sein de l'équipe. Les enseignants ne se sentent plus seuls face à cette tâche complexe et ont davantage de contrôle sur leur propre travail. Le leadership y est partagé - littéralement - ce qui rend le capital humain plus important.
Cela nécessite un renouvellement intégral de l'organisation, à partir d'une approche cohérente de la structure (constitution d'équipes), du développement du potentiel humain, de systèmes congruents et de la mise en place d'une culture appropriée.

Le passage de la "guerre des talents" à la "protection des talents" nécessite une révision fondamentale de la manière dont nous comprenons et interprétons le leadership et les ressources humaines.
Développement du leadership
La vision du leadership évolue d'une approche hiérarchique classique vers un leadership partagé. Le nouveau leader de notre organisation n'est pas celui qui résout tous les problèmes lui-même, mais celui qui partage le leadership et donne aux autres la possibilité de se développer.
Le simple fait d'envoyer des personnes suivre des cours de leadership à cette fin n'a guère de sens ni d'effet. Il faut une réflexion profonde sur ses propres valeurs et croyances et du temps pour développer un nouveau cadre de référence dans lequel le leadership n'est plus une question de pouvoir et de contrôle, mais de service et de connexion.
Ils'agit de transmettre le leadership et de donner aux autres l'espace nécessaire pour qu'ils puissent travailler avec enthousiasme. L'octroi d'une autonomie mesurée aux équipes accroît l'engagement émotionnel et permet de s'éloigner de l'ancien paradigme du leadership. Après tout, vous avez besoin des autres pour développer de nouvelles perspectives et réfléchir à votre propre cadre et à vos propres croyances. Enfin, le succès n'est au rendez-vous que dans la mesure où le dirigeant peut également opérer ce changement personnel et possède l'art du recadrage.
Le nouveau leader de notre organisation n'est pas celui qui résout tous les problèmes lui-même, mais celui qui partage le leadership et donne aux autres la possibilité de se développer.
Leadership personnel
Pour cela, il est préférable que l'école dispose de personnes qui se débarrassent de leurs œillères et qui peuvent penser et agir en dehors du cadre de l'efficacité. Si elle n'en dispose pas, l'école doit au moins rendre les équipes compétentes et leur donner l'autonomie et l'espace nécessaires pour qu'elles trouvent elles-mêmes des solutions créatives. Il s'agit d'une forme de leadership personnel qui nécessite un développement de la maturité pour traverser le processus de changement.
Le passage de la "guerre des talents" à la "protection des talents" nécessite une révision fondamentale de la manière dont nous comprenons et interprétons le leadership et les ressources humaines. Cette approche permettra non seulement d'attirer et de retenir les talents, mais aussi de créer une organisation plus agile, plus innovante et plus centrée sur les personnes. Le leadership, c'est donc aussi la création de sens et de signification. Il s'agit de ressentir le bon besoin au bon endroit. Un leader y parvient en impliquant les employés dans le développement de la vision. Ce faisant, il crée un lien émotionnel entre la perception des employés et les ambitions de l'organisation, et l'uniformité cède la place à la diversité des solutions.
Yves Demaertelaere
Directeur-secteur éducation ordinaire vzw Œuvres des Frères de la Charité
Si vous voulez en savoir plus, surfez sur mon blog : https://yvesdemaertelaere.com/